Nusantara, nouvelle capitale de l’Indonésie

Éric Janin, « Nusantara : une nouvelle capitale pour l’Indonésie », Carto, novembre-décembre 2024.

Annoncé en 2019, le déménagement de Jakarta répond à plusieurs enjeux. Peuplée de plus de 30 millions d’habitants, l’agglomération urbaine majeure de l’archipel indonésien souffre de densité excessive, de pollution atmosphérique, de saturation des infrastructures de communication, d’affaissement accéléré du sol… Une grande partie s’enfonce, en raison du pompage excessif des nappes phréatiques¹, et est exposée aux inondations et à la montée des eaux. Derrière ce transfert s’exprime également une volonté de décentralisation², la concentration du pouvoir sur Java ayant toujours été une source de tension avec les autres régions. En déplaçant la capitale sur Bornéo, le gouvernement souhaite rééquilibrer le développement du pays et favoriser la croissance en attirant les investissements dans une région périphérique, au moyen d’infrastructures modernes et d’une urbanisation durable, malgré un coût estimé à 35 milliards de dollars.

Ce projet est contesté. Le défrichement nécessaire à la construction de la nouvelle capitale ne fait qu’aggraver la déforestation que subit Bornéo, entraînant la destruction d’habitats naturels et mettant en danger des espèces animales. Le bilan carbone³ des travaux va à l’encontre des objectifs de durabilité affichés. Les aménagements ont conduit au déplacement de populations, accentuant les inégalités et les conflits fonciers dans une région déjà marquée par les tensions liées à l’accès à la terre. De plus, Nusantara reste éloignée des autres centres économiques indonésiens et mondiaux.

1. Réserve d’eau souterraine.
2. Transfert des compétences de l’État aux collectivités territoriales (régions, etc.).
3. Calcul des quantités de gaz à effet de serre émises par une activité donnée.

Questions :

1. Quels sont les problèmes de l’actuelle capitale de l’Indonésie, Jakarta ?

2. Quels sont les objectifs du transfert de la capitale dans l’île de Bornéo ?

3. Pourquoi ce projet est-il contesté ?