2022, retour des députés "professionnels"

Source : Mariama Darame et Jérémie Lamothe, Le Monde, 4 février 2023 - Crédit de la photographie de présentation : © Atlantis/Adobe Stock

À l’Assemblée nationale, la fin des novices et le retour des « professionnels de la politique »

Mariama Darame et Jérémie Lamothe, Le Monde, 4 février 2023

Dans le sillage de l’arrivée à l’Elysée d’Emmanuel Macron, ils étaient 160 novices, étiquetés alors comme des candidats de la société civile, sans mandat ni expérience politique rémunérée. Mais, selon les auteurs, cette parenthèse s’est close en juin 2022 avec la XVIe législature, qui marque le retour en force « des professionnels de la politique » sur les bancs de l’Assemblée nationale, dotés de parcours plus classiques. Seuls 15 % des députés de 2022 (contre 28 % en 2017) n’avaient pas d’expérience politique au moment de leur élection.

[…] Loin du recrutement spontané sur CV de 2017, la formation macroniste a misé sur la continuité dans le choix de ses candidats, à l’image de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Pour les législatives, Renaissance a mis en avant ses députés sortants et surtout présenté des personnalités « très capées politiquement » en allant piocher à l’Elysée, dans les cabinets ministériels ou au sein de l’organigramme du parti. […]

La stratégie électorale de 2017 répondait au rejet de la classe politique dans l’opinion, avec les affaires Fillon en toile de fond. Cinq ans après, le thème du renouvellement des visages en politique a disparu des discours. […]

Pour trouver une trace de la société civile dans cette législature, il faut désormais regarder du côté du Rassemblement national (RN) et de La France insoumise (LFI). Sur les 89 députés propulsés en juin 2022 à l’Assemblée, l’extrême droite comptabilise dans ses rangs vingt députés sans expérience politique. Le groupe de Marine Le Pen compte bon nombre de cadres et de professions intellectuelles supérieures (35 %). […]

« C’est un signe assez clair de la normalisation du RN, affirme Etienne Ollion. […]

Si cette législature a vu une nette baisse du nombre de nouveaux entrants, elle est marquée en parallèle par le timide retour d’ouvriers et d’employés dans l’Hémicycle, absents sous la précédente mandature.

Alors qu’il n’y avait aucun ouvrier et seulement six employés en 2017 – « l’Assemblée la plus élitiste depuis la fin du XIXe siècle », rappelle M. Ollion –, le Palais-Bourbon comprend désormais huit ouvriers et vingt-six employés. Une hausse vite nuancée par les sociologues, qui soulignent que les classes populaires « représentent moins de 6 % des élus contre plus de 45 % de la population active ». […]

Comme pour les néodéputés, la présence de ces élus est surtout visible au RN – quatre ouvriers et dix employés – et chez les « insoumis » – trois ouvriers et quatorze employés. LFI comptabilise la plus grande proportion d’élus issus des classes populaires (23 %). […]

Un des faits les plus notables au lendemain de l’élection de 2022 fut le recul de la parité à l’Assemblée nationale. […] « Pour la première fois, le nombre de femmes élues à l’Assemblée baisse sous la Ve République, alors qu’il augmentait très lentement jusque-là », souligne M. Ollion.

Mais l’enjeu de la parité se joue peut-être ailleurs. Les femmes ont désormais des profils équivalents à ceux des hommes (âge, expérience et diplôme) et occupent les fonctions les plus importantes : les cinq vice-présidences (sur six) de l’Assemblée et sa présidence, avec Yaël Braun-Pivet. Une première dans l’histoire du Palais-Bourbon.

Questions

1. À l’aide de vos connaissances, rappelez le principe d’une démocratie représentative.

2. Pourquoi les informations contenues dans cet article posent-elles question ?